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Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/286

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connaît ; Martine eut bientôt fait de dépister mes ruses. Elle ne plaisante pas avec ce qu’on se doit, entre père et enfant, frères, sœurs et cætera.

Un soir que je sortais du coûta, je la vis qui montait le chemin et venait. Je rentrai et fermai. Puis, je ne bougeai plus, tapi au pied du mur. Elle arriva, frappa, héla, cogna la porte. Je ne remuais non plus qu’une feuille morte. Je retenais mon souffle (justement j’étais pris d’une envie de tousser). Elle, sans se lasser, criait :

— Veux-tu ouvrir ! Je sais que tu es là.

Et du poing, du sabot, sur l’huis elle ruait. Je pensais : « Quelle gaillarde ! Si la porte cédait, je n’en mènerais pas large. » Et j’étais sur le point d’ouvrir, pour l’embrasser. Ce n’était pas du jeu. Et moi, lorsque je joue, je veux toujours gagner. Je m’obstinai. Martine encore cria, puis enfin renonça. J’entendis s’éloigner son pas, qui hésitait. Je quittai ma cachette, et je me mis à rire… mais à rire et tousser…, je m’étranglais de rire. J’avais ri tout mon soûl, je m’essuyais les yeux, lorsque derrière moi j’entends du haut du mur une voix qui disait :

— Est-ce que tu n’as pas honte ?

J’en faillis choir. Sursautant, je tournai la tête et je vis, agrippée au mur, Martine qui me regardait. Avec des yeux sévères, elle dit :

— Vieux farceur, je te tiens.

Ébahi, je réponds :

— Je suis pris.

Là-dessus nous partîmes tous deux d’un éclat de rire. Penaud, j’allai ouvrir. Elle entra, tel César, se