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LA FIN DU VOYAGE

quand il se retrouva en contact avec la vie de Paris, il continua quelque temps à se fermer les yeux, à ne pas vouloir voir ce qu’il voyait, à ne voir obstinément que ce qu’il avait vu jadis. Il se répétait d’avance :

« Je connais cela, je connais cela… »

En art comme en politique, la même anarchie intolérante, toujours. Sur la place, la même Foire. Seulement, les acteurs avaient changé de rôle. Les révolutionnaires de son temps étaient devenus des bourgeois ; les surhommes, des hommes à la mode. Les indépendants d’autrefois essayaient d’étouffer les indépendants d’aujourd’hui. Les jeunes d’il y a vingt ans étaient à présent plus conservateurs que les vieux qu’ils combattaient naguère ; et leurs critiques refusaient le droit de vivre aux nouveaux venus. En apparence, rien n’était différent.

Et tout avait changé…

« Mon amie, pardonnez-moi, Vous êtes bonne de ne pas m’en avoir voulu de mon silence. Votre lettre m’a fait un grand bien. J’ai passé quelques semaines dans un terrible