Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 2.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Jean-Christophe

pourquoi. Il était trop heureux ; et l’excès de sa joie était fait de tristesse et de joie ; il s’y mêlait de la reconnaissance pour son bonheur, de la pitié pour ceux qui n’étaient pas heureux, un sentiment mélancolique et doux de la fragilité des choses, l’enivrement de vivre. Il pleura avec délices, il s’endormit au milieu de ses pleurs. Quand il se réveilla, c’était l’aube incertaine. Les brouillards blancs traînaient sur le fleuve et enveloppaient la ville, où Minna dormait, écrasée de fatigue, le cœur illuminé par un rire de bonheur.