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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 2.djvu/45

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Les jours passent, et les nuits pluvieuses, sur la terre fraîchement remuée, au fond de laquelle le pauvre vieux Jean-Michel gît abandonné. Sur le moment, Melchior a beaucoup pleuré, crié, sangloté. Mais la semaine n’est pas finie, que Christophe l’entend rire de bon cœur. Quand on prononce devant lui le nom du défunt, sa figure s’allonge et prend un air lugubre ; mais, l’instant d’après, il recommence à parler et à gesticuler avec animation. Il est sincèrement affligé ; mais il lui est impossible de rester sous une impression triste.

Louisa, passive, résignée, a accepté ce malheur, comme elle accepte tout. Elle a ajouté une prière à ses prières de chaque jour ; elle va régulièrement au cimetière, et prend soin de la tombe, comme si la tombe faisait partie du ménage.

Gottfried a des attentions touchantes pour le petit carré de terre, où dort le vieux. Quand il vient dans le pays, il lui apporte un souvenir, une croix

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