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Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 4.djvu/133

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la révolte

réverbères. Son âme était pareille : elle était obscure et trépidante ; il n’y pouvait rien voir qu’une grande joie qui dansait à la surface. Les horloges tintèrent. Il lui eût été impossible de retourner au théâtre et d’entendre la fin de la pièce. Voir le triomphe de Fortinbras ? Non, cela ne le tentait pas… Beau triomphe ! Qui pense à envier le vainqueur ? Qui voudrait être lui, après qu’on a été gorgé de toutes les sauvageries de la vie féroce et ridicule ? Toute l’œuvre est un réquisitoire formidable contre la vie. Mais une telle puissance de vie bout en elle, que la tristesse devient joie, et que l’amertume enivre…

Christophe revint chez lui, sans plus se soucier de la jeune fille inconnue, qu’il avait laissée dans sa loge, et dont il ne savait même pas le nom.