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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

de la Loire ; et les gens du Midi, qui appelaient Barbares ceux au Nord de la ligne de la Loire ; et ceux qui se faisaient gloire d’être de race Germanique ; et ceux qui se faisaient gloire d’être de race Gauloise ; et, les plus fous de tous, les « Romains », qui s’enorgueillissaient de la défaite de leurs pères ; et les Bretons, et les Lorrains, et les Félibres, et les Albigeois ; et ceux de Carpentras, de Pontoise, et de Quimper-Corentin : chacun n’admettant que soi, se faisant un titre de noblesse d’être soi, et ne tolérant pas qu’on pût être autrement. Rien à faire contre cette espèce d’hommes : ils n’écoutent nul raisonnement que le leur ; ils sont faits pour brûler le reste du monde, ou pour être brûlés.

Christophe pensait qu’il était heureux qu’un tel peuple fût en République : car tous ces petits despotes s’annihilaient au moins les uns par les autres. Mais si l’un d’eux avait été empereur ou roi, c’eût été à renoncer à la vie.