il cria qu’elle ne ferait jamais rien de propre, qu’elle s’occupât de cuisine, de couture, de tout ce qu’elle voudrait, mais, au nom du ciel ! qu’elle ne fît plus de musique ! Ce n’était pas la peine de martyriser les gens à entendre ses fausses notes. Sur quoi, il la planta là, au milieu de sa leçon, et il partit, furieux. Et la pauvre Grazia pleura toutes les larmes de son corps, moins encore du chagrin que lui faisaient ces humiliantes paroles, que du chagrin de ne pouvoir faire plaisir à Christophe, malgré tout son désir, et même d’ajouter encore par sa sottise à la peine de celui qu’elle aimait.
Elle souffrit bien plus, quand Christophe cessa de venir chez les Stevens. Elle eût voulu retourner au pays. Cette enfant, si saine jusque dans ses rêveries, et qui gardait en elle un fond de sérénité rustique, se sentait mal à l’aise dans cette ville, au milieu des Parisiennes neurasthéniques et agitées. Sans oser le dire, elle avait fini par juger assez exactement les gens qui l’entouraient. Mais elle était timide, faible, comme son père, par bonté, par modestie, par défiance de soi. Elle se laissait dominer par sa tante autoritaire et par sa cousine habituée à tout tyranniser. Elle n’osait pas écrire à son vieux papa, à qui elle envoyait régulièrement de longues lettres affectueuses :
— Je t’en prie, reprends-moi !
Et le vieux papa n’osait pas la reprendre, malgré tout son désir ; car Mme Stevens avait