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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

mait brusquement, le faisaient ressauter. Il avait le dégoût halluciné de ces êtres entassés autour de lui. Mais sa volonté luttait toujours, elle soufflait des fanfares belliqueuses, le combat contre les diables… « Und wenn die Welt voll Teufel wär, und wollten uns verschlingen, so fürchtenwir uns nicht so sehr… » ( « Et quand bien même le monde serait plein de diables, et qu’ils voudraient nous avaler, cela ne nous ferait pas peur… » )

Et sur l’océan de ténèbres brûlantes qui roulait son être, il se faisait soudain une accalmie, des éclaircies de lumière, un murmure apaisé des violons et des violes, de calmes sonneries de gloire des trompettes et des cors, tandis que, presque immobile, tel un grand mur, s’élevait de l’âme malade un chant inébranlable, comme un choral de J. S. Bach.