Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 5.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Tandis qu’il se débattait contre les fantômes de la fièvre et contre l’étouffement qui gagnait sa poitrine, il eut vaguement conscience qu’on ouvrait la porte de sa chambre, et qu’une femme entrait, une bougie à la main. Il crut que c’était encore une hallucination. Il voulut parler. Mais il ne put, et retomba. Quand, de loin en loin, une vague de conscience le ramenait du fond à la surface, il sentait qu’on avait soulevé son oreiller, qu’on lui avait mis une couverture sur les pieds, qu’il avait sur le dos quelque chose qui le brûlait ; ou il voyait, assise au pied du lit, cette femme, dont la figure ne lui était pas tout à fait inconnue. Puis il vint une autre figure, un médecin, qui l’ausculta. Christophe n’entendait pas ce qu’on disait ; mais il devina qu’on parlait de le porter à l’hôpital. Il essaya de protester, de crier qu’il ne voulait pas, qu’il voulait mourir ici, tout seul ; mais il ne sortait de sa bouche que des sons incompréhensibles. La femme le comprit pourtant : car elle prit sa défense, et elle le calma. Il s’épuisait à savoir qui elle était. Aussitôt qu’il put formuler une phrase suivie, au prix d’efforts inouïs,

— 289 —