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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

étaient sortis, qu’ils avaient puisé cette foi, qui couvait toujours dans la terre de France, et qu’essayait en vain de nier la faconde de quelques démagogues. Olivier la connaissait bien, cette foi : il l’avait portée dans son sein.

Il montrait à Christophe le magnifique mouvement de rénovation catholique, poursuivi depuis vingt-cinq ans, l’effort puissant de la pensée chrétienne en France pour épouser la raison, la liberté, la vie ; ces prêtres admirables qui avaient le courage, ainsi que disait l’un d’eux, « de se faire baptiser hommes », qui revendiquaient pour le catholicisme le droit de tout comprendre et de s’unir à toute pensée loyale : car « toute pensée loyale, même quand elle se trompe, est sacrée et divine » ; ces milliers de jeunes catholiques, formant le vœu généreux de bâtir une République chrétienne, libre, pure, fraternelle, ouverte à tous les hommes de bonne volonté ; et, malgré les campagnes odieuses, les accusations d’hérésie, les perfidies de droite et de gauche, — (surtout de droite), — dont ces grands chrétiens étaient l’objet, la petite légion intrépide, avançant dans le rude défilé qui menait à l’avenir, le front serein, résigné aux épreuves, sachant qu’on ne peut rien édifier de durable, sans le cimenter de ses larmes et de son sang.

Le même souffle d’idéalisme vivant et de libéralisme passionné ranimait les autres religions en France. Un frisson de vie nouvelle parcourait