Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 7.djvu/76

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Rien de plus caractéristique, en ce sens, que la maison qu’habitaient Christophe et Olivier. C’était un petit monde en raccourci, une petite France honnête et laborieuse, sans rien qui rattachât entre eux ses divers éléments. Une maison à cinq étages, une vieille maison branlante qui s’inclinait sur le côté, avec ses planchers qui craquaient et ses plafonds vermoulus. La pluie entrait chez Christophe et Olivier qui logeaient sous le toit ; on avait dû se décider à faire venir les ouvriers, pour rafistoler tant bien que mal la toiture : Christophe les entendait travailler et causer, au-dessus de sa tête. Il y en avait surtout un, qui l’amusait et l’agaçait ; il ne s’interrompait pas un instant de parler tout seul, rire, chanter, dire des balivernes, siffler des inepties, se causer avec soi-même, sans cesser de travailler ; il ne pouvait rien faire, sans annoncer ce qu’il faisait :

— Je vas encore mettre un clou. Où est-ce qu’est mon outil ? Je mets un clou. J’en mets deux. Encore un coup de marteau ! Là, ma vieille, ça y est…

Lorsque Christophe jouait, il se taisait un mo-

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