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DANS LA MAISON

ment, écoutait, puis se remettait à siffler de plus belle ; aux passages entraînants, il marquait la mesure sur le toit, à grands coups de marteau. Christophe exaspéré finit par grimper sur une chaise, et passa la tête par la lucarne de la mansarde pour lui dire des injures. Mais à peine l’eut-il vu, à califourchon sur le toit, avec sa bonne figure joviale, la joue gonflée de clous, qu’il éclata de rire, et l’homme en fit autant. Christophe, oubliant ses griefs, se mit à causer. Ce ne fut qu’à la fin qu’il se rappela pourquoi il s’était mis à sa fenêtre :

— Ah ! à propos, dit-il, je voulais vous demander : est-ce que mon piano ne vous gêne pas ?

L’autre l’assura que non ; mais il le pria de jouer des airs moins lents, parce que, comme il suivait la mesure, cela le retardait dans son travail. Ils se quittèrent bons amis. En un quart d’heure, ils avaient échangé plus de paroles que Christophe n’en dit, en six mois, à tous ceux qui habitaient sa maison.


Il y avait deux appartements par étage, l’un de trois pièces, l’autre de deux seulement. Pas de chambres de domestiques : chaque ménage faisait son service soi-même, sauf les locataires du rez-de-chaussée et du premier, qui occupaient les deux appartements réunis.

Au cinquième, Christophe et Olivier avaient comme voisin de palier l’abbé Corneille, un