Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/190

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appris de son dévouement à son père. Elle frappait par son intelligence, par sa simplicité. Elle avait dans le monde une tenue parfaite. Du calme. Assez d’esprit. Une bonne santé. Sans doute, trouvait-on un peu d’affectation dans ses travaux de Sorbonne, ses recherches, ses diplômes. Mais on pensait que c’étaient des passe-temps de jeune fille intelligente qui s’ennuie, et qu’elle laisse de côté, à son premier enfant. Et il ne déplaisait pas aux Brissot de montrer qu’ils aimaient les lumières, même chez une femme, — pourvu, naturellement, qu’elles ne fussent pas gênantes. Dieu merci ! Annette ne serait pas la première intellectuelle de la famille. Madame Brissot la mère, et la sœur de Roger, Mademoiselle Adèle, avaient la réputation, — justifiée en un sens, — d’être femmes de tête, non moins que femmes de cœur, qui savaient prendre part à la vie de pensée, comme à la vie d’action des hommes de leur maison. L’intellectualité d’Annette était une garantie que, du moins, (le grand point !) il n’y avait de son côté nul danger clérical. Pour le reste, elle trouverait dans sa nouvelle famille l’affectueuse tutelle, qui saurait la garder de toute exagération. La chère enfant n’aurait aucune peine à s’incorporer à ceux dont elle prendrait le nom : elle n’avait plus de parents, et serait trop heureuse de se mettre sous l’égide