Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 2.djvu/92

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Sylvie avait pour lui un charme. Dans son puzzle féminin, fait des unes et des autres, elle lui avait fourni le plus grand nombre des morceaux ; il aimait à se serrer dans sa robe, la tête contre son ventre, à écouter sa voix, (il l’entendait rire, au travers de son corps) ; ou bien à grimper après ses hanches, jusqu’à ce qu’il arrivât au haut ; et alors, des deux bras, noué autour de son cou, il se frottait le nez, les lèvres et les yeux, le long de la joue douce, et là, près de l’oreille, dans ces petits frisons, très blonds, qui sentent bon. Ce qu’est l’œil pour l’esprit des grands, le toucher l’est pour celui des enfants. Il est le talisman qui permet de voir hors du mur, et de tisser au dedans le rêve des choses qu’on a cru voir, l’illusion de la vie. L’enfant filait sa toile. Et sans savoir ce qu’étaient ces frisons blonds, cette joue, cette voix, ce rire, cette Sylvie, et ce qu’il était, « moi », il pensait :

— C’est à moi.