Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/24

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suis une vieille coquette… Ce pauvre garçon ! J’ai peur de l’effrayer…

Mais quand il sentait venir les souffrances dont il n’était pas maître, il priait Annette d’emmener Franz en promenade, afin de n’être point vu.

Annette ne devait d’abord rester à Château-d’Œx qu’un jour ou deux. Son intention était d’y remettre l’ami aux mains de l’ami, et de s’en retourner, le lendemain, à Paris. Mais quand elle vit la gravité de l’état de Germain, elle différa son départ. Elle ne pouvait l’abandonner au seuil de la porte d’ombre. Sans vouloir le lui demander (car il lui était odieux d’être à charge), Germain laissait voir le désir anxieux qu’elle demeurât. Il avait peur maintenant d’être laissé seul à seul avec Franz. Elle sentit qu’elle était nécessaire aux deux amis. Elle remit donc à plus tard son retour, malgré tous les devoirs qui la rappelaient à Paris ; celui de soulager d’une partie de son fardeau l’émigrant qui allait quitter notre Vieux Continent, parut le plus impérieux.

Elle prenait un lourd poids. Elle devenait la confidente et de l’un et de l’autre. Elle était le seul être, dans les mains de qui ils pussent se libérer de leurs secrètes pensées : car, l’un à