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LES PRÉCURSEURS

teur) que « les Zurichois, au fond, ne sont pas très individualistes, et sacrifient facilement leur personnalité sur l’autel du parti. D’où le danger de voir, à quelque moment, un absolutisme renaître ».

Ce péril ne semble pas à redouter, à Bâle. Cette section, la plus nombreuse, et fort intelligente, est peut-être la moins unie et la plus disparate. Il s’y est déchaîné des orages provoqués, dans ces dernières années, par la question « Patrie » ; mais on ne s’y est pas, comme à Zurich, groupé en deux armées. Beaucoup de petits clans, fermés et méfiants. Traits caractéristiques : l’âpreté des discussions, où « l’on a beaucoup de peine à ne pas mêler aux querelles d’idées les inimitiés personnelles » ; le peu de goût pour l’action pratique, et la prédilection pour les discussions abstraites, pour le développement du caractère et de la personnalité : « en ceci, Bâle est, avec Lausanne, la section qui offre le plus grand nombre de types originaux et individuels ». Mais, à la différence de Lausanne, la section, de Bâle fait peu de place aux questions littéraires et artistiques.

Lausanne est un des groupes les plus riches en personnalités : on y trouve des tempéraments de toutes tendances, et on s’y intéresse aux questions les plus variées : politique, sociologie, littérature et arts. Mais en

    je donne plus loin le résumé : « Nous ne vivons pas du culte de notre histoire guerrière… Au milieu d’un système de grandes puissances impérialistes, visant à la domination par la violence, à la grandeur matérielle et à la gloire, notre tâche est de combattre ouvertement, hardiment, avec foi dans l’avenir, pour l’idée de l’humanité contre l’impérialisme ».

    Les préoccupations sociales, la solidarité avec le peuple « maigre », avec les déshérités, sont, aussi, nettement indiquées.