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2. — SUR LA RÉSISTANCE PASSIVE[1].


Il faut avoir la foi, ou ne pas s’en mêler. Jamais je ne conseillerai à qui ne l’a point, de participer à un mouvement de Résistance passive, dans une heure où la guerre est déchaînée. Car il faut bien qu’il s’attende à être sacrifié.

Je trouve coupables gravement certains de vos chefs qui vous laissent des illusions sur ce point et vous leurrent de l’espoir que la guerre s’arrêtera devant des bras croisés. Elle s’arrêtera — oui ! — mais après qu’elle aura passé sur les corps de ceux qui lui barrent le chemin. Elle s’arrêtera devant le soulèvement de l’opinion du monde, provoqué par le sacrifice des Résistants passifs. C’est ce sacrifice seul qui peut annoncer — ou préparer — la victoire à venir de l’humanité, le salut des futures générations. Mais ce sacrifice ne pourra pas être évité.

Je vous demande pardon de dire des « vérités non plaisantes ». Mais je ne supporte pas le fade et dangereux optimisme qui mène aux pires déceptions. Il faut vouloir et oser, mais en regardant en face ce que l’on affronte. Aucun de vous ne doit être entraîné par surprise dans une croisade héroïque, où il a tout à risquer.

  1. Lettre du 14 juillet 1930 à un des jeunes organisateurs français du « septième camp d’amitié internationale », à Chevreuse. Ces sévères avertissements étaient provoqués par le criminel illusionnisme dont certains chefs de la Non-Résistance Européenne caressaient et leurraient ces jeunes gens.