Page:Rolland - Par la révolution, la paix.djvu/78

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empêche le mal immédiat : la guerre », vous ne pensez pas que « les forces de l’or et des forges » se servent et se serviront des « pâtes molles », pour anéantir ou laisser anéantir d’abord les révoltés conscients. Le premier acte dans ce sens a été l’assassinat, nullement fortuit, du bon Jaurès. (À défaut du Villain fanatisé, vingt autres Villain se seraient trouvés, — auraient été trouvés). Mussolini, Goering, Hitler, commencent par écraser, indifféremment, les communistes et les pacifistes, Einstein lui-même doit s’expatrier : il n’est pas à l’abri de l’assassinat.

Quand donc vous assignez à la L.I.C.P, « pour plateforme de rassemblement, la seule guerre de nation à nation », vous oubliez que la guerre de nation à nation ne se fera plus qu’après élimination préalable des éléments énergiques qui s’y opposent. Déjà, en 1914, vous savez que l’Intérieur avait, en France, sur ses carnets, la liste de tous ceux que l’on devait mettre à l’ombre, et que seule leur acceptation de la guerre (promise d’avance), a dispensé l’État de cette mesure prévue. Mais en 1914, les mœurs, plus douces, n’envisageaient que la prison. Vingt ans de sauvagerie déchaînée ont amené les États fascistes à dresser des listes d’égorgements. Laisserez-vous faire ? — Et vous-même, si vous n’êtes pas de la première liste, vous serez de la deuxième liste d’égorgés.

3o Vous écrivez : « Gandhi a prouvé que la Non-violence ne permettait pas à la violence de s’exercer. » — Qu’entendez-vous par la violence ? Celle de l’ennemi ? Elle s’exerce, et sauvagement, sur les masses de la non-violence indienne, — particulièrement dans les campagnes, et dans les provinces écartées, qu’un état de siège bloque du reste du monde et des indiscrétions de la presse, (comme dans la province-frontière du Nord-Ouest, Peshavar).