Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1861), Thérèse de Brunswick aima Beethoven.

Et Beethoven disait, en 1816 : « En pensant à elle, mon cœur bat aussi fort que le jour où je la vis pour la première fois. » De cette même année sont les six mélodies à la bien-aimée lointaine (an die ferne Geliebte), op. 98, d’un caractère si touchant et si profond. Il écrit dans ses notes : « Mon cœur déborde à l’aspect de cette admirable nature, et pourtant Elle n’est pas là, près de moi ! » — Thérèse avait donné son portrait à Beethoven, avec la dédicace : « Au rare génie, au grand artiste, à l’homme bon. T. B.[1] ». Dans la dernière année de sa vie, un ami surprit Beethoven, seul, embrassant ce portrait en pleurant, et parlant tout haut suivant son habitude : « Tu étais si belle, si grande, pareille aux anges ! » L’ami se retira, revint un peu plus tard, le trouva au piano, et lui dit : « Aujourd’hui, mon

  1. Ce portrait se trouve encore aujourd’hui dans la maison de Beethoven, à Bonn. Il est reproduit dans la Vie de Beethoven par Frimmel, p. 29, et dans le Musical Times du 15 décembre 1892.