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Page:Rolland Clerambault.djvu/114

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esclaves de Spartacus, Gaulois, Arabes de Poitiers, Albigeois, Irlandais. Indiens des deux Amériques, et races coloniales !… Quand un homme de bien, en butte aux injustices de son temps, met, pour se consoler, son espoir dans la postérité, il se ferme les yeux sur le peu de moyens qu’a cette postérité d’être instruite des événements passés. Elle n’en connaît que ce que les procureurs de l’histoire officielle jugent avantageux à la cause de leur client, l’État. À moins que n’intervienne l’avocat de la partie adverse — soit d’une autre nation, soit d’un groupe social ou religieux opprimé. Mais il y a peu de chances : le pot aux roses est bien gardé !

Rhéteurs, sophistes et procéduriers : les trois corporations aux Facultés des Lettres, des Lettres de l’État, visées et patentées.

Les « scientifiques » seraient, par leurs études, un peu mieux à l’abri des suggestions et des contagions du dehors, — s’ils restaient dans leur métier. Mais on les en a fait sortir. Les applications des sciences ont pris une telle place dans la réalité pratique que les savants se sont vus jetés aux premiers rangs de l’action. Il leur a bien fallu subir les contacts infectieux de l’esprit public. Leur amour-propre s’est trouvé directement intéressé à la victoire de la communauté ; et celle-ci englobe aussi bien l’héroïsme des soldats que les folies de l’opinion et les mensonges des publicistes. Bien peu ont eu la force de s’en dégager. La plupart y ont apporté la rigueur, la raideur de l’esprit géométrique, — avec les rivalités professionnelles, qui sont