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toujours aiguës entre les corps savants des différents pays.

Quant aux purs écrivains, poètes, romanciers, sans attaches officielles, ils devraient avoir le bénéfice de leur indépendance. Fort peu, malheureusement, sont en état de juger par eux-mêmes d’événements qui dépassent les limites de leurs préoccupations habituelles, esthétiques ou commerciales. La plupart, et non des moins illustres, sont ignorants comme des carpes. Le mieux serait qu’ils restassent cantonnés dans leur rayon de boutique ; et leur instinct naturel les y maintiendrait. Mais leur vanité a été sottement taquinée, sollicitée de se mêler aux affaires publiques et de dire leur mot sur l’univers. Ils ne peuvent rien en dire qu’à tort et à travers. À défaut de jugements personnels, ils s’inspirent des grands courants. Leurs réactions sous le choc sont extrêmement vives, car ils sont ultra-sensibles et d’une vanité maladive, qui, lorsqu’elle ne peut exprimer de pensées propres, exagère les pensées des autres. C’est la seule originalité dont ils disposent, et Dieu sait qu’ils en usent !

Que reste-t-il ? Les gens d’Église ? Ce sont eux qui manient les plus gros explosifs : les idées de Justice, de Vérité, de Bien, de Dieu ; et ils mettent cette artillerie au service de leurs passions. Leur orgueil insensé, dont ils n’ont même pas conscience, s’arroge la propriété de Dieu, et le droit exclusif de le débiter en gros et en détail. Ils ne manquent pas tant de sincérité, de vertu, ou même de bonté, qu’ils ne manquent d’humilité. Ils n’en ont aucune, bien qu’ils la professent. Celle