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Introduction[1]



Le sujet de ce livre n’est pas la guerre, bien que la guerre le couvre de son ombre. Le sujet de ce livre est l’engloutissement de l’âme individuelle dans le gouffre de l’âme multitudinaire. C’est, à mon sens, un événement beaucoup plus gros de conséquences pour l’avenir humain que la suprématie passagère d’une nation.

Je laisse délibérément au second plan les questions politiques. Il faut les réserver pour des études spéciales. Mais quelques causes qu’on assigne aux origines de la guerre, quelles que soient la thèse et les raisons qui l’étayent, aucune raison au monde n’excuse l’abdication de l’esprit devant l’opinion.

  1. Cette introduction a été publiée, en décembre 1917, dans les journaux suisses, avec un épisode du roman. Une note explicative donnait les raisons du titre primitif : L’Un contre Tous.

    « … Ce titre, non sans ironie, qui s’inspire, en retournant les termes, de celui de La Boëtie : Le Contr’Un, ne doit point donner à penser que l’auteur ait l’extravagante prétention d’opposer un seul homme à tous les hommes, mais qu’il appelle à la lutte, aujourd’hui urgente, de la conscience individuelle contre le troupeau. »