Aller au contenu

Page:Rolland Clerambault.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ressembler aux autres plus qu’à soi. C’est mieux, on a moins de mal, on se sent moins, on est un tas N’y a que pour les permissions. Après, ceux qu’en reviennent, — ainsi, tout justement, le petit sergent, quand il est retourné pour la dernière fois… — c’est mauvais, ça ne va plus…

Clerambault, le cœur serré, dit précipitamment :

— Ah ! quand il est revenu… ?

— Il était ben oppressé. Jamais je ne l’avais vu si défait que ce jour-là…

Une expression de douleur se peignit sur les traits de Clerambault. À un geste qu’il fit, le blessé, qui regardait le plafond en parlant, tourna les yeux vers lui, vit et comprit sans doute, car il ajouta :

— Mais il s’est remis, après.

Clerambault, de nouveau, prit la main du malade :

— Dites-moi ce qu’il vous a dit. Racontez-moi bien tout.

L’homme hésita ; et dit :

— Je ne me rappelle plus très bien.

Il ferma les yeux et resta immobile. Penché sur lui, Clerambault tâchait de voir ce que voyaient ces yeux sous leurs volets.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nuit sans lune. Air glacé. Du fond du boyau creux, on voyait le ciel froid et les étoiles figées. Des balles claquaient sur le sol dur. Accroupis dans la tranchée, les genoux sous le menton, Maxime et son compagnon, côte à côte, fumaient. Le petit venait de rentrer de Paris, dans la journée.