Page:Rolland Clerambault.djvu/169

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multitudes s’égorgent en ton nom, toi qu’ils adorent tous en se haïssant tous, toi qui jouis d’allumer le rut sanglant des peuples, femelle, dieu de proie, faux Christ qui planes au-dessus des tueries, avec tes ailes en croix et tes serres d’épervier ! Qui t’arrachera de notre ciel ? Qui nous rendra le soleil et l’amour de nos frères ? … Je suis seul, et je n’ai que ma voix, qu’un souffle va éteindre. Mais avant de disparaître, je crie : « Tu tomberas ! Tyran, tu tomberas ! L’humanité veut vivre. Le temps viendra, où l’homme va briser ton joug de mort et de mensonge. Le temps vient. Le temps est là ».

Réponse de l’Aimée

Ta parole, mon fils, est la pierre qu’un enfant lance contre le ciel. Elle ne m’atteint pas. C’est sur toi qu’elle retombe. Celle que tu outrages, qui usurpe mon nom, est l’idole que tu as sculptée. Elle est à ton image, et non pas à la mienne. La vraie Patrie est celle du Père. Elle est commune à tous. Elle vous embrasse tous. Ce n’est pas sa faute, si vous la rapetissez à votre taille… Malheureux hommes ! Vous souillez tous vos dieux, il n’est pas une grande idée que vous n’avilissiez. Le bien qu’on veut vous faire, vous le tournez en poison. La lumière qu’on vous verse vous sert à vous brûler. Je suis venue parmi vous, pour réchauffer votre solitude. J’ai rapproché vos âmes grelottantes, en troupeaux. J’ai fait de vos faiblesses dispersées un faisceau. Je suis l’amour fraternel, la grande Commu-