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Page:Rolland Clerambault.djvu/170

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nion. Et c’est en mon nom, ô fous, que vous vous détruisez !…

Je peine, depuis des siècles, à vous délivrer des chaînes de la bestialité. J’essaie de vous faire sortir de votre dur égoïsme. Sur la route du temps, vous avancez en ahanant. Les provinces, les nations, sont les bornes militaires qui jalonnent vos haltes essoufflées. C’est votre débilité qui seule les a plantées. Pour vous mener plus loin, j’attends que vous ayez repris haleine. Mais vous êtes si pauvres de souffle et de cœur que de votre impuissance vous vous faites une vertu ; vous admirez vos héros, pour les limites auxquelles ils ont dû s’arrêter, épuisés, et non parce qu’ils ont su y atteindre les premiers ! Parvenus sans effort au point où ces héros avant-coureurs sont tombés, vous croyez être des héros à votre tour ! Qu’ai-je à faire aujourd’hui de vos ombres du passé ? L’héroïsme dont j’ai besoin n’est plus celui des Bayard, des Jeanne d’Arc, chevaliers et martyrs d’une cause à présent dépassée, mais d’apôtres de l’avenir, de grands cœurs qui se sacrifient pour une patrie plus large, pour un idéal plus haut. En marche ! Franchissez les frontières ! Puisqu’il faut encore ces béquilles à votre infirmité, reportez-les plus loin, aux portes de l’Occident, aux bornes de l’Europe, jusqu’à ce que pas à pas vous arriviez au terme et que la ronde des hommes fasse le tour du globe, en se donnant la main

Misérable écrivain, qui m’adresses des outrages, redescends en toi-même, ose t’examiner ! Je t’ai donné