Page:Rolland Clerambault.djvu/285

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fardée, mais dure et sûre de soi. Et elle devenait aussi, par la loi du ressac, la foi des opprimés. C’était une lutte sourde entre deux pressions contraires. Où le métal était usé, — en Russie tout d’abord, — la chaudière avait sauté. Où le couvercle tenait moins, — dans les pays neutres, — la brûlante vapeur s’échappait en sifflant. Un calme trompeur régnait dans les pays en guerre, sur qui pesait l’oppression. Aux oppresseurs, ce calme semblait donner raison : armés contre l’ennemi, ils ne l’étaient pas moins contre leurs concitoyens ; la machine de guerre est toujours à deux fins, par devant, par derrière ; le couvercle ferme bien, fait du meilleur acier, et vissé à écrous. Il ne sauterait pas. Non. — Gare que tout éclate, d’un coup !

Comprimé comme les autres, Clerambault voyait autour de lui la révolte s’amasser. Il la comprenait, il la croyait même fatale ; mais ce n’était pas une raison pour qu’il l’aimât. Il ne pratiquait pas l’Amor Fati. Comprendre suffit. Le tyran n’a pas droit à l’amour.