Page:Rolland Clerambault.djvu/296

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ses mensonges des guerres nouvelles, prochaines. Pour quoi élève-t-on ses enfants ? Pour quoi grandiront-ils ? Est-ce pour être offerts à des tueries semblables ? Quelles solutions possibles ? On en a vite fait le tour… Quitter ces nations enragées, ce Vieux Continent fou, émigrer ? Où ? Reste-t-il sur le globe cinquante arpents de terre, où puissent s’abriter les libres honnêtes gens ? — Prendre parti ?… Vous voyez bien qu’il faut se décider ! Ou pour la nation, ou pour la Révolution. — Sinon, que reste-t-il ? La non-résistance ? Est-ce là ce que vous voulez ? Elle ne peut avoir de sens que si l’on a la foi, une foi religieuse : autrement, elle est une résignation de moutons qu’on égorge. — Mais le plus grand nombre, hélas ! ne se décident pour rien, aiment mieux ne pas penser, détournent leurs yeux de l’avenir, se leurrent que plus jamais ne recommencera ce qu’ils ont vu et souffert C’est pourquoi nous devons décider à leur place et, de gré ou de force, leur faire sauter le pas, les sauver malgré eux. La Révolution, c’est quelques hommes qui veulent, pour toute l’humanité.

— Je n’aimerais pas beaucoup, dit Clerambault, qu’un autre voulût pour moi, et il ne me plairait pas non plus de vouloir pour un autre. Je préférerais aider chacun à être libre et à ne pas gêner la liberté des autres. Mais je sais que je demande trop.

— Vous demandez l’impossible, dit Moreau. Quand on commence à vouloir, on ne s’arrête plus en chemin. Il n’y a que deux sortes d’hommes : ceux qui veulent trop — Lénine et tous les grands (ils sont bien