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Page:Rolland Clerambault.djvu/371

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de Liberté n’exprime qu’un des ordres — haut et clair — de l’invisible Souveraine qui régit les mondes, — la Nécessité. C’est elle qui suscite la révolte des Précurseurs et qui les met aux prises avec le lourd passé, que traînent les aveugles multitudes. Car elle est le champ de bataille de l’éternel Présent, où luttent éternellement le Passé et l’Avenir. Et sur ce champ se brisent sans cesse les lois anciennes, afin de faire place aux lois nouvelles, qui seront brisées à leur tour.

O Liberté, tu portes toujours des chaînes, mais ce ne sont plus celles, trop étroites, du passé ; chacun de tes mouvements élargit ta prison. Qui sait ? Qui sait ? Plus tard ! A force d’écarter les murs de la prison

En attendant, ceux que tu veux sauver s’acharnent à te perdre. Tu es l’Ennemie publique. Tu es L’Un contre tous — (Ainsi l’ont-ils nommé, le faible, l’incertain, le médiocre Clerambault ; mais ce n’est pas à lui qu’il songe en ce moment ; c’est à celui qui fut toujours, depuis qu’il y a des hommes. Celui qui n’a cessé de combattre leurs folies pour les en délivrer, — L’Un contre qui ils sont tous) Combien de fois, dans les siècles, l’ont-ils rejeté, écrasé ! Mais au sein de l’angoisse, une joie surnaturelle l’envahit et l’emplit. Il est le grain sacré, le grain d’or de la Liberté. Dans le noir Destin du monde — (de quel épi, tombée ?) — roule, depuis le chaos, la semence de lumière. Au fond du cœur sauvage de l’homme, la frêle s’incrusta. Le long du flot des âges, elle subit l’assaut des lois élémentaires, qui ploient et broient la vie. Mais inlassablement, le grain