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Miller, est d'une poésie mélancolique et douce, un peu pâle, sur laquelle se détache la silhouette sauvage de Siméon.

L’annee 1744 fut pour Hændel une des plus glorieuses en création, des plus misérables en succès. Il écrivit presque simultanément ses deux oratorios les plus tragiques : le grand drame shakespearien de Belsazar (juillet-octobre 1744), dont le riche poème lui fut fourni par son ami Jennens[1], et la sublime tragédie à l’antique, Héraklès, « a musical drama »[2], qui marque le faîte du drame musical hændelien, et, l'on peut même dire, de tout le théâtre musical avant Gluck.

Jamais l’hostilité du public anglais ne fut plus acharnée. La même cabale haineuse, qui trois fois déjà avait tâché de le tuer, repartit en guerre contre lui. On s’entendait à Londres pour inviter les gens à des fêtes, les jours où devaient avoir lieu les exécutions d’oratorios, afin d’enlever à

  1. Trop lentement au gré de Hændel, qui le composait au fur et à mesure que les actes lui étaient envoyés. On a cinq lettres de lui à Jennens, datées des 9 juin, 19 juillet, 21 août, 13 septembre, et 2 octobre 1744, où il le presse instamment de lui envoyer la suite du poème, lui exprime son admiration pour le second acte, qui lui a « procuré des moyens d’expression nouveaux et fourni l'occasion de rendre quelques idées particulières », enfin lui demande de raccourcir un peu la pièce, qui est trop longue. (Voir Schœlcher.)
  2. Hændel l’écrivit pendant les pauses forcées de la composition de Belsazar, et le fit jouer au commencement de 1745.