Page:Rolland Handel.djvu/133

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Hændel ses auditeurs. Bolingbroke et Smollett parlent de l'acharnement de certaines dames à miner Hændel. Horace Walpole dit que c’était la mode d’aller à l’opéra italien, quand Hændel dirigeait ses concerts d’oratorios. Hændel, qui à force d’énergie et de génie était sorti de sa première faillite de 1785, fut acculé de nouveau à la faillite, au commencement de 1745. Ses chagrins, ses inquiétudes, la prodigieuse dépense de forces qu’il avait faite, furent de nouveau sur le point de faire craquer son cerveau. Il tomba dans un état de prostration et dans un dérangement d’esprit, analogue à celui de 1737, et qui dura huit mois, de mars à octobre 1745[1]. Par miracle, il sortit encore du fond de cet abîme ; et des événements imprévus, où la musique n’était que l'accessoire, allaient lui rendre plus de popularité qu’il n’en avait jamais eu.

Le prétendant Charles-Édouard venait de débarquer en Écosse : le pays se souleva ; l’armée des Highlanders marcha sur Londres. La ville était dans la consternation. Un grand mouvement national secoua l'Angleterre. Hændel s’y associa. Le 14 novembre 1745, il fit chanter au Drury Lane un Hymne pour

  1. Des lettres tout récemment publiées viennent de faire connaître cette période trouble de la vie de Hændel. — (William Barclay-Squire : Handel in 1745, dans le H. Riemann-Festschrift, 1909, Leipzig).