Page:Rolland Handel.djvu/181

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fochten Seelen, avec ses questions, ses réponses, ses interjections eschyléennes, a servi de modèle à J.-S. Bach pour la Passion selon saint Mathieu. À la fin d’Israël en Égypte, au faîte de montagnes chorales, par un contraste saisissant, la voix d’une femme, seule, sans accompagnement, s’élève, et son hymne alterne avec les chœurs qui le répètent. Il en est de même, à la fin de la Petite Ode à sainte Cécile. Dans l’Occasional Oratoirio, un duo de soprano et d’alto alterne avec les chœurs. Mais c’est Judas Macchabée qui réalise le mieux la fusion des soli avec les chœurs. Dans cette épopée victorieuse d’un peuple envahi qui se soulève et balaye l’oppresseur, les individualités se distinguent à peine de l’âme héroïque de la nation, et les chefs du peuple ne sont que des choryphées, dont les chants mettent en branle ces énormes ensembles, qui montent par progressions pesantes et irresistibles, comme les marches géantes d’un escalier triomphal.

Il arrive enfin que l’orchestre vienne ajouter au dialogue des soli et des chœurs un troisième élément de psychologie dramatique, parfois en opposition apparente avec les deux premiers. Ainsi, au second acte de Judas Macchabée, l’orchestre qui sonne l’emportement de la bataille fait contraste avec les chœurs, presque funèbres,