Page:Rolland Handel.djvu/198

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une poésie enthousiaste sur les concerts d'orgue de Hændel[1] :

« O vents, doucement, doucement agitez vos ailes d’or dans les branches ! Que tout soit silencieux, faites taire même le chuchotement du zéphyr. Sources de la vie, suspendez votre cours… Écoutez, écoutez Hændel l'incomparable qui joue!… Oh ! voyez, quand lui, le puissant homme, fait retentir les forces de l'orgue… La joie rassemble ses cohortes, la rancune est apaisée… Sa main, comme celle du Créateur, conduit son œuvre auguste, avec ordre et grandeur et raison… Silence, bousilleurs dans l'art ! Il ne sert à rien, ici, d’avoir la faveur des lords. Ici Hændel est roi. »

Il faut donc voir dans ces concertos d’orgue, au sens propre, de magnifiques « concerts » pour de grands publics populaires[2]. Grandes ombres, grandes lumières, forts et joyeux contrastes, tout est conçu en vue de l’effet monumental. L’orchestre comprend d’ordinaire deux

  1. Le 8 mai 1735. C’était l'année même où Hændel écrivait et exécutait les premiers concertos du premier recueil.
  2. Hawkins dit encore : « Dans ce temps où la musique était moins répandue qu'aujourd'hui, nombre de personnes avouaient naïvement qu’elles n'y connaissaient rien ; elles disaient : « Je n'ai pas l'oreille faite pour la musique. » Or, ces gens non seulement étaient plongés dans le silence et l'enchantement par le jeu de Hændel ; mais ils étaient d'habitude les plus bruyants à l'applaudir. »