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LES PREMIÈRES TENTATIVES

… Qu’est-ce que le théâtre ? L’abdication de la personne actuelle, égoïste, intéressée, pour prendre un rôle meilleur. Ah ! que nous en avons besoin !… Venez, je vous prie, venez reprendre votre âme au théâtre populaire, votre âme au milieu du peuple ![1]

Et Michelet indiquait pour le futur théâtre de la Nation quelques sujets tirés de l’épopée nationale : Jeanne d’Arc, la Tour d’Auvergne, Austerlitz, et surtout les Miracles de la Révolution.

C’est de la main de Michelet que l’idéal artistique de la Révolution et des penseurs du dix-huitième siècle est parvenu jusqu’à ceux d’entre nous qui, en France, ont entrepris de fonder le Théâtre du Peuple,

L’étranger nous avait devancés. En 1889, un théâtre populaire, le Volkstheater, était inauguré à Vienne, avec une pièce d’Anzengruber : la Tache sur l’honneur. En 1894, le Schiller Theater était ouvert à Berlin par M. Loewenfeld. Un an après, il avait 6.000 abonnés. Une troupe d’une trentaine d’artistes y jouait le répertoire ancien et moderne : de Calderon et de Shakespeare jusqu’à Ibsen, à Dumas fils, et aux contemporains français et allemands ; et la situation en fut si prospère qu’on créa à Berlin un second théâtre Schiller.[2]

À Bruxelles, la section d’art de la Maison du Peuple, qui, depuis 1892, donnait des soirées littéraires et musicales, s’unissait en 1897 avec le Toekomst, — l’Avenir, — cercle choral et dramatique flamand, fondé dès 1883, et organisait des représentations dans la belle salle des

  1. Michelet. — L’Étudiant (cours de 1847–1848), passim.
  2. Voir sur le Schiller Theater, l’article de Jean Vignaud : Un théâtre populaire à Berlin. — Revue d’art dramatique, 5 octobre 1899, — et les articles d’Adrien Bernheim dans le Temps (1902).
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