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le théâtre nouveau

fêtes de la Maison du Peuple, où 3.000 personnes peuvent prendre place,[1] On y jouait les Tisserands d’Hauptmann, la Puissance des Ténèbres de Tolstoy, l’Ennemi du Peuple, et Solness le constructeur d’Ibsen, Au delà des forces humaines de Bjoernson, les Aubes de Verhaeren, Philaster de Beaumont et Fletcher, traduit par G. Eekhoud, etc. — À Gand, le Vooruit donnait des concerts de musique classique, et organisait, en 1897, une représentation du Tannhäuser, le jour du mardi gras, pour réagir contre les orgies du carnaval.

En Suisse, la tradition des grands spectacles populaires n’avait jamais été perdue, et elle était reprise avec plus d’éclat dans ces dernières années.[2]

En France, le premier qui osa réaliser le Théâtre du Peuple, fut Maurice Pottecher. Le 22 septembre 1892, pour le centième anniversaire de la fondation de la République, il eut l’idée de donner dans sa petite ville des Vosges, à Bussang, une représentation du Médecin malgré lui, traduit dans le patois de la Haute-Moselle. Le succès fut grand. Trois ans après, le 2 septembre 1895, il inaugurait avec un drame de sa composition : le Diable marchand de goutte, son Théâtre du Peuple de Bussang. Ce théâtre consistait en une scène ouverte de

  1. Sur les représentations de la Maison du Peuple de Bruxelles, voir : Jules Destrée : Les préoccupations intellectuelles, esthétiques et morales dans le parti ouvrier belge. — Mouvement socialiste, premier et 15 septembre 1902. Du même auteur : Renouveau au théâtre. — Bibliothèque de propagande socialiste. 1902.
  2. Voir plus loin, page 140. — Je ne parle pas ici de spectacles traditionnels, comme les représentations de la Passion à Ober Ammergau, et les Maggi, (les représentations de Mai) de la campagne de Toscane, qui se sont perpétués, sans interruption, depuis le quinzième siècle (peut-être le quatorzième) jusqu’à nos jours. Ils sont écrits et joués par des paysans du pays de Pise, de Lucques, de Pistoie ou de Sienne. Voir aux documents de la fin, numéro III.
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