Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

i/OPÉRA EN ALLEMAGNE. 203

fonde, qui déborde encore du cœur de Schûtz, près de vingt ans après, en dithyrambes mythologiques, comme seul un Allemand sait les faire (1). « Oui, Gabrieli! Dieux immortels, quel homme c'était! Si la diserte antiquité l'eût connu, elle l'eût préféré à Amphion ; ou si les Muses désiraient un époux, Melpomène n'au- rait pris aucun autre que lui (2). »

Une place de maître de chapelle de l'électeur de Saxe, obtenue en 1615; la mort de sa femme en 1627; un second voyage en Italie l'année suivante, pour se consoler et étudier la nouvelle musique; ses séjours à la Cour de Braunschweig-Lunebourg(1638), puis de Christian IV de Danemark (1642); enfin, son retour à Dresde, où il mourut à l'âge de quatre-vingt-sept ans, le 6 no- vembre 1672, sont les principaux épisodes de cette vie pourchas- sée par la guerre (3), attristée par les deuils de famille et les malheurs de la patrie, mais soutenue par la foi et un travail in- fatigable.

Ses œuvres capitales, en dehors de la Dapné et d'un ballet d'Orphée et Eurydice pour le mariage de Jean-Georges II de Saxe, en 1638, sont des Psaumes (4), des Concerts spirituels (5), quatre

��delssohn, le moins sensuel des musiciens, professe le plus d'amour, est Titien.

(1) « la, Gabrieli! Ihr unsterbl'ichen Gôtter, welch'ein Mann war der! Hâtte ihn das wortreiche Alterthum gekannt, den Amphionen wûrde es ihm vorzezogen haben; oder wûnschten die Musen Vermâhlung, so besûsse Mclpomeno keinen andern Gemahl als ihm, solch ein Meister des Gesanges war er. Das verkûndct der Ruf, aber das verstàndigte. » (Préface de la l r * partie des Symphonies sacrées.)

Schûtz a utilisé divers morceaux de Giov. Gabrieli, notamment un Lieto godea à 8 voix {Concerli di Andréa et Giov. Gabrieli, 1587), pour le Gloria du III e psaume. Voir le 2 e volume des œuvres complètes de Schûtz, édition Spitta. Breitkopf, 1886, — et le concerto : Angélus ad pastores ait de A. Gabrieli, dans le 27° motet (8 6 vol.)

(2) Quand Gcssner, recteur de Leipzig, voudra louer son ami Bach, il le préférera de même « à plusieurs Orphées et vingt Arions. »

(3) Il s'en plaint dans la préface de ses Concerts spirituels, 2 e partie. Dresde, 1639. Lui-même, dit-il, parmi tant de soucis, nç peut produiro que de petites œuvres, en attendant les grandes.

(4) Mehrchôrige Psalmen mit Inslrumenten, 2 parties (26 psaumes). 1619, Dresde. (2 a et 3 e vol. de la grande édit. Breitkopf.) — Psalmen 24, 8, 7, 85, 127, 15 (13 e vol. de la grande édit.)

(5) Cantiones sacrae fur 4 Singstimmen mit generalbass (40 cantionos). 1625, Fribcrgac Ilermundurorum (4« vol. de l'édit. Br.). — Kleine GeUtliche Concerte, 2 parties. 1636, Leipzig; 1639, Dresde (6* vol.). — Geistliche Chor- musih à 5, 6, 7 voix. 1648, Dresde (8* vol.). — Gesammelte Motetten^ Con- certe, etc. (12* vol.).

�� �