Aller au contenu

Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

219

sujet, van Bostel s'appuyait sur « M. Racine, qui permet de transformer le temps en espace (1). » La mise en scène tenait une grande place. Un seul nom était historique parmi les héros (du côté des chrétiens) : celui du comte Starenberg. Les autres prin- ces et gentilhommes ne faisaient que défiler comme dans une apothéose (Charles V, Max-Emmanuel, duc de Bavière, et le roi de Pologne). La pièce est du reste détestable. Mais la musique a de la grandeur; le style en est large et pur; il annonce Haendel; c'est sa déclamation puissante, sa facilité vigoureuse, et un peu sa joie pompeuse. Cette remarque n'est pas seulement vraie de Cara Mustapha, mais des autres œuvres de Francken. Les fanfa- res grandiloquentes du commencement d'iEneas, la grâce saine des airs heureux, la calme mélancolie, la tristesse héroïque sont dignes de tout point de l'auteur de J udas et de la fête d'Alexandre, qu'ils rappellent souvent.

Il en est de même de Reinhard Keiser, le meilleur musicien dramatique de l'Allemagne avant ses grands maîtres. C'est que tous, et Haendel (2) comme Keiser, ont une source commune : Scarlatti et son école.

Keiser dépasse un peu le cadre de notre travail, parles dates de sa vie et les caractères de son art. Nous n'en parlerons donc qu'en passant, et seulement pour marquer l'esprit nouveau qui s'introduit dans l'opéra allemand. Né en 1673, mort en 1739, il était fils de musicien, et fut élevé à la Thomasschule et à l'Uni- versité de Leipzig. A dix-neuf ans, il débuta par une pastorale,

��(1) Van Bostel s'était d'ailleurs servi d'une traduction d'un livre français : Vie et amours de Cara Mustapha.

(?) Hœndel, né en 1685, débute en 1705 par Almira. Il avait beaucoup étu- die les Italiens de la seconde époque, et non seulement ceux d'Allemagne (Steffani, Oesti, etc.), mais Scarlatti et son école.

La Hdndelgesellscliaft a publié en 1892 un certain nombre d'œuvres ita- liennes, qu'il a utilisées dans ses compositions : le Magnificat de Erba, le Te Deum de Urio , une serenata de Stradella, et cinq duetti de Clari (Gio- vanni-Carlo-Maria, 1669-1740), le dernier grand compositeur de l'ancien genre madrigalesque. Mais en dehors de ces musiques, que Hœndel trans- crivit en entier, il en est un très grand nombre dont il s'est inspiré.

Quant ay rival et ami de Haendel , Jean Mattheson (né à Hambourg le 28 septembre 1681, mort le 17 avril 1764), élève de Praetorius et Conradi, c'est en 1699 qu'il débute à Hambourg, avec les Pléiades. Il doit aussi beau- coup à Keiser, avec qui il a des traits de ressemblance, mais dont il ne pos- sède pas la riche imagination.

A la même époque, Jean Bononcini de Modène, l'autre rival de Hœndcl (1660?- 1752?), prélude à ses succès en Allemagne avec la Fede pubblica h, Vienne, en 1699, et le Polifemo à Berlin, en 1703.

�� �