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Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/96

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82 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

Los représentations ne passeront pas deux heures. Sept cents vers environ pour le poème, écrits dans une langue facile, claire, en petits mètres de cinq, sept, huit syllabes, à rimes plates; des dialogues sans tirades, de vives ripostes; les récits et les mono- logues aussi brefs que possible. Trois actes suffisent, et l'on veillera à y semer de la variété, non seulement dans la musique, mais dans le poème, et jusque dans les costumes. Il sera bon d'entremêler les soli et les chœurs, de varier les voix , les Ions , les harmonies, les danses; d'introduire des ballets, des intermè- des (quatre par pièce), des pantomimes, qui changent à chaque fois.

Gluck et Wagner ont bien peu ajouté à ces règles ; peut-être même font-elles preuve de plus de largeur d'esprit et d'une en- tente supérieure des exigences scéniques.

Ainsi surgit tout armé l'opéra florentin , dès ses premiers pas dans le monde. Il a ses poètes, son style et ses lois. Jeune encore de dix ans, et à son second début, il paraît ce qu'il fut jusqu'à Bee- thoven et Weber, « un spectacle vraiment de princes, » l'art aris- tocratique par excellence, « admirable par-dessus tous; car en lui s'unissent tous les plus nobles plaisirs : l'invention poétique, le drame , la pensée, le style, la douceur des rimes, le charmé de la musique , les concerts des voix et des instruments , l'exquise beauté du chant, la grâce des danses et des gestes, l'attrait de la peinture même (dans les décors et les costumes) : enfin l'intelli- gence et les plus nobles sentiments sont charmés à la fois par les arts les plus parfaits qu'ait retrouvés le génie humain (1). »

��(1) « ... Spettacolo veramente da Principi , e oltre ad ogn' altro piacevo- lissimo, come quello nel quale s'unisce ogni più nobil diletto, corne inven- zione, e disposizione di favola, sentenza, stile, dolcezza di rima, arto di mu- sica, concerti di voci e di strumenti, esquisitezza di canto, leggiadria di ballo, e di gesti, e puossi anche dire, che non poca parte v' abbia la pit- tura per la prospettiva e per gl' abiti : di maniera che con l'intelletto vien lusingato in uno stesso tempo ogni sentimento più nobile dalle più dilette- voli arti ch' abbia ritrovato l'ingegno umano. » (Marco da Gagliano, Préface de la Dafné, 1608.)

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