Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/62

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        À mes souhaits, tout son gros bois
        Voguait comm’ s’il avait pas d’poids,
        Ou ben rampait comme un’ limace.

        Oui ! dans c’temps-là, j’étions solides.
        Il avait pas d’mouss’ — moi, pas d’rides.
        J’aimions les aventur’ chacun ;
        Et tous deux pour le goût d’la nage
        Nous étions d’si près voisinage
        Q’toujours ensemble on n’faisait qu’un.

        Sur l’écluse i’ s’en allait crâne,
        J’crois qu’on aurait pu, l’bon Dieu m’damne !
        Y fair’ porter toute un’ maison.
        En a-t-i’ passé des foisons
        D’bœufs, d’chevaux, d’cochons, d’ouaill’ et d’ânes !

        I’ charriait pomm’ de terr’, bett’raves,
        D’quoi vous en remplir toute un’ cave,
        Du blé, du vin, ben d’autr’ encor,
        Des madriers, des pierr’, des cosses,
        Et puis des baptêm’ et des noces,
        Sans compter qu’i’ passait des morts.