et celui de sa belle-fille. Ces tableaux contribuent à répandre sa réputation dans le monde ; peu à peu la noblesse et les gens de cour apprennent le chemin de son atelier. Non seulement les Molé, mais les Châtillon, les Simiane, les d’Aligre, les Florensac ont recours en 1683 à son pinceau.
En 1684 Rigaud est tout à fait lancé, il a la vogue. Il peint Le Tellier et sa femme, et fait de Mme Desjardins, femme du sculpteur bien connu, un charmant portrait qui la représente cueillant des fleurs dans un gracieux paysage. Immédiatement les belles dames veulent leur portrait de sa main.
Jusqu’en 1686 cependant la moyenne des tableaux peints par lui ne dépasse pas dix-huit par an, c’est peu encore, mais déjà on lui demande des copies de ceux de ses portraits qui ont eu le plus de vogue, et, à partir de cette année, il tient une note exacte de ces copies.
Le duc d’Orléans est le premier prince du sang qui lui commande en 1688 son portrait : le second est son fils, le futur Régente en 1689. Le succès éclatant de ces deux tableaux fait faire un pas de géant à la réputation de leur auteur. En 1690 il ne suffit plus aux commandes qui l’assiègent de toute part, il peint trente-sept portraits, un tous les dix jours, et ses modèles sont des personnages de la plus haure volée, le duc de Bourbon, le maréchal de Villeroy et son frère l’abbé, la princesse de Carignan et son frère Philippe de Savoie, le grand prieur de Vendôme, le comte de Toulouse, La Fontaine le fabuliste, trois princes étrangers, trois prélats.
En 1694 il est appelé à faire un premier portrait du roi Louis XIV : on n’en trouve aucune mention dans la liste des peintures originales que renferme son Livre de raison, mais il en est fait de 1694 à 1701 trente-quatre copies dans son atelier. Il s’agit donc bien d’un portrait qui est son œuvre et non pas celle d’une autre main[1]
- ↑ L’original existe au musée du Prado à Madrid, comme je l’ai dit plus haut.