dans le petit voyage qu'il dut faire pour aller a la Trappe[1].
A partir de 1700 une simple tête se paie 150 livres et un portrait a mi-corps de 400 à 600. Un troisième portrait de Louis XIV est payé 13.000 livres, les princes de la famille royale ne déboursent pas moins de 1.000 et quelquefois de 6.000 ou 7.000 pour le leur. Les autres personnages financent à proportion ; les ducs et pairs, les princes étrangers, les maréchaux de France, les présidents au parlement de 300 à 600 livres, et Rigaud ne travaille pas a moins de 230 à 300. Observons au surplus que ces chiffres doivent être au moins quadruplés pour être ramenés à la puissance actuelle de l'argent.
Les portraits des belles dames figurées en Flore, en Cérès ou Pomone accompagnées d'une autre divinité, d'un page ou d'un négrillon, se paient particulièrement cher, jusqu'à 3.000 livres.
En 1715 nouvelle hausse : le moindre buste est coté 300 livres et certains tableaux atteignent 700, 1.000 et 1.500 livres. A partir de 1727 le prix minimum est de 600 livres et Rigaud ne peint plus qu'à son heure et quand le modèle lui convient.
Depuis 1684 Rigaud, comme son Livre de raison nous le démontre, fit faire dans son atelier des copies de beaucoup des portraits qu'il peint et il les retouche quand il le juge nécessaire. Dans le manuscrit de l'École des Beaux-Arts à la suite de l'énumération des copies faites de 1690 a 1697 on lit : « 9 copies retouchées (1690), 6 copies retouchées (1691), 36 copies dont 30 retouchées (1694), 25 copies dont 15 retouchées (1695), 24 copies dont 19 retouchées (1697). » Rigaud donnait donc, quand il le jugeait utile, le dernier coup de pinceau au travail fait par ses copistes. Ces copies se paient à peu près la moitié du prix des toiles originales et se vendent aux amis du modèle
- ↑ Je dois faire remarquer cependant que ce portrait de Rancé n'est porté qu'à 900 livres dans le Livre de raison ; on ne s'explique pas cette contradiction entre le texte et le récit de Saint-Simon.