Legros, se sont admirablement appropriés la manière de leur maître et beaucoup de portraits, attribués sans preuve à Rigaud, sont leur œuvre.
Les uns sont payés à l’année, en 1698 Legros touchait 200 puis 250 livres par an, mais la plupart sont payés aux pièces ou à la journée. Le relevé de leur compte dans le Livre de raison est copié sur le leur, quelque fois même c'est eux qui parlent : « Une copie de Madame que je n'ai pas entièrement finie, écrit La Penaye en 1716. Fini l’étoffe d'or ou j’ai resté deux jours. Habillé l’ébauche de I'abbé Pucelle où j’ai mis un jour », écrit le même en 1720, etc.
II va sans dire que les prix des portraits de Rigaud variaient non seulement eu égard à leur dimension, mais aussi eu égard au travail qu'ils avaient coûté. Un portrait avec pose originale se payait fort cher. Lacroix, vendeur de marée, qui se fait représenter en 1710 savourant une prise de tabac, paie cette fantaisie 400 livres, le double du prix des portraits ordinaires ; Mme de Platen qui se fait habiller en 1724 à l'allemande, c'est-à-dire avec des fourrures, paie 1.000 livres son portrait ; Mr de Gueydan, avocat général au parlement de Provence, qui en 1738 a I'idée bizarre de se faire représenter en berger jouant de la vielle, paie 3.000 livres ce caprice bucolique.
A côté de ces portraits entièrement originaux, il y en a d'autres d'un prix plus modeste, ce sont ceux pour lesquels Rigaud s'est contenté de faire copier par ses élèves et collaborateurs d'anciens portraits de lui, se réservant seulement d'y ajouter de sa main le masque de celui qui a fait la commande.
Il habille en 1707 Mme Hebert comme Mme Passerat, Mme d'Acigné en 1720 comme Mme Lebret ; quant à Mr d'Acigné, il en copie tout, sauf le visage, sur le portrait du maréchal de Montravel. Il peint en 1740 le prince de Lichtenstein en s’inspirant du portrait du duc d'Antin, peint par lui trente ans plus tôt, et la cuirasse du maréchal de Villeroy en 1716 est copiée sur celle qu'il avait fait étinceler la même année sur la poitrine de Mr d'Avaray. II peint même en 1716 son ami le