Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/49

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Et son sourire innocent et candide.
Apercevant Thibaut qui cheminait,
De s’approcher de loin il lui fait signe,
Puis, lui tendant à baiser sa main digne :
« Thibaut, dit-il, voyant qu’il ruminait,
Que cherches-tu ? Pour quel pèlerinage
As-tu quitté ce matin ton ménage ?
Au Seigneur Dieu que vas-tu demander ?
Pluie ou beau temps ? Puisse-t-il t’accorder
Ce qu’il te faut, et même davantage !
Je veux prier pour ton heureux voyage ;
Reçois d’abord ma bénédiction… »
Agenouillé, suivant l’antique usage,
Thibaut s’incline avec dévotion,
Puis au prélat tient debout ce langage :
« Seigneur abbé, vous êtes bien trop bon !
Un autre soin dans l’esprit m’aiguillonne :
Ma Jeanne a mis au monde un gros poupon,
Et pour parrain au fils que Dieu me donne
Je vais chercher quelque honnête personne,
Juste avant tout, c’est ma condition,
Et fermement, si Dieu ne m’abandonne,
J’en maintiendrai la résolution. »
L’abbé reprend : « Ton idée est fort bonne,
Ami Thibaut, et je l’approuve fort.
Précisément la justice est mon fort ;