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Page:Ronsard - Œuvres, Buon, 1587, tome 2.djvu/82

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I. LIVRE

Encor ie n’ay fait nommer
Du nom de Ronſard la mer,
Bien que Pindare i’imite.
Horace harpeur Latin,
Eſtant fils d’vn libertin,
Baſſe & lente auoit l’audace :
Non pas moy de franche race,
Dont la Muſe enfle les ſons
De plus courageuſe haleine,
Afin que Phœbus rameine
Par moy ſes vieilles Chanſons :

Stro. 5.

Lequel m’encharge de chanter
Son Du-Bellay, pour le vanter
Sur tous ſes enfans qui ont bien
Maſché le Laurier Delphien.
Obeyſſant à la voix ſainte,
Mon trait par le Ciel galopant
L’air Angeuin n’ira coupant,
Sans que ta gloire en ſoit attainte,
Chantant l’homme eſtre bien-heureux,
Qui en ton Nectar doucereux
Ses belles loüanges enyure
Mille fois nommé dans ton liure.
Que diray plus ? le Ciel t’a fait
(Te fortunant de main non chiche)
Ieune, diſpoſt, ſçauant & riche,
Deſſus ſon moule plus parfait.

Antiſtro.

Mes doigts ne pourroient ſe laſſer
De faire mon bateau paſſer
Par les vagues de ton renom :