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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 1.djvu/19

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PIERRE DE RONSARD

polies et du goût public, penchait à se prononcer contre eux. Les poètes en faveur et leur chef Mellin de Saint-Gelais, s’étant sentis visés, se défendirent. L’outrecuidance de ces manifestes, l’étrangeté des formes « pindariques » et des mots forgés sur le grec, l’obscurité dont un pédantisme juvénile enveloppait les allusions mythologiques, tout prêtait à ridiculiser les nouveaux venus. Chez le Roi, comme chez sa sœur Marguerite de France, où les lettrés trouvaient accueil, le Vendômois fut traité assez durement. Il riposta sans ménager personne, et les blessures qu’il sut faire se fussent envenimées, si des admirateurs, qui allaient être ses meilleurs amis, Jean de Morel et Michel de L’Hospital, n’avaient pris hardiment sa défense. Ils obtinrent sa réconciliation avec Saint-Gelais et l’appui de la princesse, qui devint sa plus chère protectrice. Bientôt la Cour partagea l’enthousiasme des lettrés et, lorsque parurent les recueils des Amours, des Hymnes, des Poèmes, elle adopta le jeune maître, qu’elle avait vu jadis parmi les pages de ses princes et qui avait voulu, pendant des années, disparaître de sa scène brillante pour apprendre chez les savants le métier de poésie.

Ces commencements de la Pléiade mériteront toujours de retenir l’attention, car ils orientent toute une période de l’histoire des esprits. À partir du moment où l’école s’organise autour de son