Pour aimer trop loialement,
Mon coeur, qui franc avoit vesqu,
N'eust pas esté si tost veinqu.
Mais tu fis promettre à tes yeus,
Qui seuls me vindrent decevoir,
De me donner encore mieus
Que mon coeur n’esperoit avoir :
Puis comme jalous de mon bien
Ont transformé mon aise en rien.
Si tôt que je vi leur beauté,
Amour me força d’un desir
D’assujettir ma loiauté
Sous l’empire de leur plaisir,
Et decocha de leur regard
Contre mon coeur, le premier dart.
Ce fut, Dame, ton bel accueil,
Qui pour me faire bien heureus,
M’ouvrit par la clef de ton oeil
Le paradis des Amoureus,
Et fait esclave en si beau lieu,
D’un homme je devins un dieu.
Si bien que n’estant plus à moi,
Mais à l’oeil qui m’avoit blessé,
Mon coeur en gage de ma foi
A mon veinqueur je delessé,
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