Page:Ronsard - Les Amours, 1553.djvu/228

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Aiant par mort mon coeur desalié
De son subget, et l'estincele esteinte,
J'alloi chantant, et la corde desseinte,
Qui si long tans m'avoit ans et lié.

Puis je disois, et quelle autre moitié,
Apres la mort de ma moitié si sainte,
D'un nouveau feu, et d'une neuve estrainte,
Ardra, noura, ma seconde amitié ?

Quand je senti le plus froid de mon ame
Se rembraser d'une nouvelle flame,
Encordelé es rets Idaliens :

Amour reveut pour échaufer ma glace,
Qu'autre oeil me brulle, et qu'autre main m'enlasse,
O flame heureuse, ô plus qu'heureus liens.

M V R E T. .Aiantpdr mon.) llaumt aimé quelque autre pluf‍lôt quaf‍l'andrc-Jaquellc venâ: a mounr, il pcnfoit def‍ia ellrc hors des liens d'Amour . Mais incunu'nent qu’il vit Caffandref‍il en deuint encot‘ béaucoup plus amon- teus,qu‘il n‘anoit eüé de la premiere. [dalùn:.Vene- rienstalie ef‍l vne vile de Cypre. ï

Puissai-je avoir cette Fére aussi vive
Entre mes bras, qu’elle est vive en mon coeur :
Un seul moment gariroit ma langueur,
Et ma douleur feroit aller à rive.

Plus elle court, & plus elle est fuitive,
Par le sentier d’audace, & de rigueur,
Plus je me lasse, & recreu de vigueur,
Je marche apres d’une jambe tardive