Page:Ronsard - Les Amours, 1553.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ni les dedains d'un Nymfe si belle,
Ni le plaisir de me fondre en langueur,
Ni la fierté de sa douce rigueur,
Ni contre amour sa chasteté rebelle :

Ni le penser de trop penser en elle,
Ni de mes yeus la fatale liqueur,
Ni mes soupirs messagers de mon coeur,
Ni de ma flame une ardeur eternelle.

Ni le desir qui me lime & me mord,
Ni voir écrite en ma face la mort,
Ni les erreurs d'une longue complainte,

Ne briseront mon coeur de diamant,
Que sa beauté n'i soit toujours emprainte :
Belle fin fait qui meurt en bien aimant.

M V RE T. Ni le: dedaiau. ) lldi:,qu'il n'i a rien, qui le feu: em— yefcher d'clhe amoureux iufqu’a la mort.


Dedans le lit ou mal sain je repose,
Presque en langueur Madame trespassa
Au mois de Juin, quand la fievre effaça
Son teint d'œillets, & ses levres de rose.

Une vapeur avec sa fievre éclose,
Entre les dras son venin delaissa,
Qui par destin, diverse, me blessa
D'une autre fievre en mes veines enclose.

L'un apres l'autre elle avoit froid & chaut :
Ne l'un, ne l'autre a mon mal ne deffaut :
Et quand l'un croit l'autre ne diminüe :