Page:Ronsard - Les Amours, 1553.djvu/31

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MVRET.

Ces liens d’or.) La fiction de ce Sonet, comme l’auteur mesme m’a dit, est prinse d’une Ode d’Anacreon encores non imprimée. Elle est asses aisee de soi, & ne sinifie autre chose, sinon qu’il est tout plein d’affections amoureuses. Amoureaus, ) Petits Cupidons, ou, comme Baïf les nomme, Cupidoneaus. Tous les deus sont faits pour exprimer le Grec ἐρωτάριον.


Bien qu’à grand tort il te plaist d’allumer
Dedans mon cœur, siege à ta seigneurie,
Non d’un amour, ainçois d’une Furie
Le feu cruel pour mes ôs consumer,

L’aspre tourment ne m’est point si amer,
Qu’il ne me plaise et si n’ai pas envie
De me douloir : car je n’aime ma vie
Si non d’autant qu’il te plaist de l’aimer.

Mais si les cieus m’ont fait naistre, Madame
Pour estre tien, ne genne plus mon ame,
Mais pren en gré ma ferme loiauté.

Vaut il pas mieus en tirer du service,
Que par l’horreur d’un cruel sacrifice,
L’occire aux piés de ta fiere beauté ?


MVRET.

Bien qu’a grand tort.) Il dit premierement, que tous les tourmens qu’il reçoit par la cruauté de sa dame, ne lui sauroint estre qu’agreables. Apres il lui remontre, qu’il est a elle trop meilleur, & trop mieus seant, le prendre a merci, que par sa durté l’occire.