Aller au contenu

Page:Ronsard - Les Chefs-d’œuvre lyriques, édition Dorchain, 1907.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L'ECOLE DE RONSARD COMME un qui s'est perdu dans la forêt profonde Loin de chemin, d'orée, et d'adresse, et de gens ; Comme un qui en la mer, grosse d'horribles vents, Se voit presque engloutir des grands vagues de l'onde ; Comme un qui erre aux champs, lorsque la nuit au monde Ravit toute clarté, j'avais perdu longtemps Voie, route et lumière, et presque avec le sens, Perdu longtemps l'objet où plus mon heur se fonde. Mais quand on voit (ayant ces maux fini leur tour) Aux bois, en mer, aux champs, le but, le port, le jour, Ce bien présent plus grand que son mal on vient croire : Moi donc qui ai tout tel en votre absence été, J'oublie en revoyant votre heureuse clarté, Forêt, tourmente et nuit, longue, orageuse et noire. JEAN ANTOINE DE BAÏF Du Printemps LA froidure paresseuse De l'hiver a fait son temps : Voici la saison joyeuse Du délicieux printemps. La terre est d'herbes ornée. L'herbe de fleurettes l'est ; La feuillure retournée Fait ombre dans la forêt. De grand matin la pucelle Va devancer la chaleur Pour de la rose nouvelle Cueillir l'odorante fleur ; 94