Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/126

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plus le feu immobile des Oulhamr comme ils redoutaient le feu formidable qui galope sur la steppe.

Ainsi, Naoh put nourrir la flamme et refouler les ténèbres. Ce soir-là, il goûta la viande, les racines, les champignons rôtis, et il s’en délecta.

Le sixième jour, la présence des Kzamms devint plus insupportable. Naoh avait maintenant repris toute sa force ; l’inaction lui pesait ; l’étendue l’appelait vers le nord. Ayant vu plusieurs torses velus apparaître parmi des platanes, il fut saisi de colère. Il s’exclama :

— Les Kzamms ne se nourriront pas de la chair de Naoh, de Gaw et de Nam !

Puis il fit venir ses compagnons et leur dit :

— Vous appellerez les mammouths avec lesquels vous avez fait alliance, et, moi, je me ferai suivre du grand chef. Ainsi, nous pourrons combattre les Dévoreurs d’Hommes.

Ayant caché le Feu en lieu sûr, les Oulhamr se mirent en route. À mesure qu’ils s’éloignaient du camp, ils offraient des aliments aux mammouths, et Naoh, par intervalles, parlait d’une voix douce. Cependant, à une certaine distance, les colosses hésitèrent. Le sentiment de leur responsabilité envers le troupeau s’accroissait à chaque enjambée. Ils s’arrêtaient, ils tournaient la tête vers l’occident. Puis ils cessèrent d’avancer. Et, lorsque Naoh fit entendre le cri d’appel, le chef des mammouths y riposta en appelant à son tour. Le fils du Léopard revint sur ses pas, il passa la main sur la trompe de son allié, disant :

— Les Kzamms sont cachés parmi les arbustes ! Si les mammouths nous aidaient à les combattre, ils n’oseraient plus rôder autour du camp !

Le chef des mammouths demeurait impassible. Il ne